Créativité : de l’expertise, mais pas trop

Pour être créatif, il faut une bonne dose de connaissances

Ces connaissances permettent plusieurs choses :
  • Connaitre l’existant. Pour trouver une idée innovante, il faut connaitre ce qui existe, sinon on passe son temps et son énergie à réinventer la roue. C’est ce qui est arrivé à un célèbre mathématicien indien, Srinivasa Ramanujan, qui a passé une partie de sa vie à réinventer une grande partie des savoirs mathématiques de l’époque (fin du XIXème siècle) par manque de contact avec la société scientifique. Quand ses recherches sont devenues publiques, de nombreux scientifiques ont compris que si ce mathématicien avait eu connaissance de l’existant, il aurait pu faire gagner de nombreuses années à la recherche en mathématique en allant beaucoup plus loin.
  • De façon plus générale, il semble que l’on est plutôt créatif dans les domaines que l’on connait un minimum (expérience de Lubart et Sternberg). Il faut souvent un socle de connaissance pour aller plus loin et trouver une solution créative.
Cependant, avoir une trop grande expertise dans un domaine peut limiter la créativité. Tout d’abord, une trop grande expertise entraine une certaine routine. Quand on maîtrise trop un domaine et qu’on a une grande expérience de celui-ci, on a tendance à ré-utiliser les recettes qui ont fait leurs preuves, sans chercher de solutions nouvelles. C’est vrai même dans les domaines où l’on est « obligé » de trouver des idées nouvelles comme la publicité. On va se forcer à trouver un concept créatif un peu nouveau, mais notre grande expérience va nous « imposer » le dispositif média qui a toujours fonctionné dans ce cas. Une trop grande expérience risque également de nous faire éliminer trop rapidement des idées qui nous paraissent inefficaces. Même si celles-ci n’auraient pas fonctionné, elles auraient pu, par association d’idées, nous mener vers une idée innovante.

Alors, comment continuer à être créatif dans notre domaine de compétence ?

Tout d’abord, je pense que l’humilité est importante : il faut savoir rester ouvert aux idées nouvelles (notamment celles de nos collègues), même si elles semblent inexploitables au premier abord. Elles peuvent très bien mener à de belles idées. Ensuite j’aime bien utiliser une méthode que j’appelle le « to be at the wrong place ». Pour trouver de la créativité, il faut se mettre dans une position qui nous est inhabituelle. Dans le cadre d’un marketer qui doit travailler sur un produit de beauté par exemple, au lieu de faire un n-ième focus groupe, il pourrait se mettre directement à la place de la consommatrice, ou alors à la place du vendeur d’une chaîne de produits de beauté. Il verra alors les choses différemment et s’auto-censurera beaucoup moins.

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